Le bâtiment Kellert et les trois hommes de Lancaster: Noah Friedman, Harris Kellert et Solomon Levinson

1911 - 1933
175 Ste-Catherine Ouest

(Translation coming soon.)

Dès les années 1880, ces trois hommes d’affaires juifs installés à Montréal furent les propriétaires de quelques-unes des plus importantes compagnies de confection de vêtements au pays. Après avoir émigré de l’Europe de l’Est vers l’Amérique du Nord durant les années 1850, ils se sont d’abord établis à Lancaster, en Ontario, où ils ont travaillé à titre de peddlers et propriétaires de magasins généraux.

Pendant les années 1860, Noah Friedman vendit ses biens et il se dirigea vers Montréal, où il se lança dans le commerce de confection du prêt-à-porter pour hommes. Peu de temps après, il fut suivi par son beau-frère Harris Kellert, avec lequel il fonda la Kellert & Friedman Company. En 1874, Solomon Levinson quitta Lancaster à son tour et il lança sa propre entreprise de confection vestimentaire. Leurs compagnies se taillèrent une place de choix parmi les grandes compagnies oeuvrant dans le domaine du vêtement au Canada.

Les trois hommes avaient commencé leur vie de façon très modeste et leur ascension dans l’industrie du vêtement se révéla fulgurante : il faut rappeler que jusqu’à cette période, ce domaine était plutôt réservé aux non-juifs. Cette ascension, qui les propulsa du statut de petits commerçants à celui de barons dans l’industrie du vêtement, les rendit très puissants, au point où des centaines d’ouvriers travaillaient dans leurs manufactures du quartier industriel situé près du boulevard St-Laurent. Ces hommes furent de véritables pionniers dans la confection du vêtement (ou shmata business), un domaine dans lequel les Juifs montréalais furent très actifs, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Jusqu’aux années 1960, le shmata business contribua à la mobilité sociale d’une portion importante de la communauté juive.

Friedman, Kellert et Levinson, qui appartenaient à la catégorie distincte des Juifs de l’Uptown, exploitaient toutefois les ouvriers du bas de la ville (les Downtowners), des immigrants majoritairement juifs et très pauvres. À l’époque, les conditions de travail dans l’industrie du vêtement étaient déplorables et la présence d’un flot incessant d’immigrants pauvres et de travailleurs ruraux francophones contribuait à maintenir les ouvriers dans des conditions socio-économiques pénibles. Les industriels de la confection du vêtement qui avaient fondé la Clothing Manufacturers’ Association of Montreal en 1908 s’opposaient vivement aux syndicats, qui exigeaient une amélioration des conditions de travail des ouvriers. Malgré tout, certaines grèves eurent pour effet de réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaire et d’augmenter légèrement les salaires, telle la grève de 1912.

Par Valérie Beauchemin

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Sources

King, Joe. 2002. Les Juifs de Montréal: Trois siècles de parcours exceptionnels. Outremont, Éditions Carte Blanche.

Tulchinsky, Gerald. 1990. “Said to be a very honest Jew: the RG Dun Credit Reports and Jewish Business Activity in Mid-19th Century Montreal”, Urban History Review vol. 18, no 3.

Tulchinsky, Gerald. 2008. Canada’s Jews: a People’s Journey. Toronto, University of Toronto Press.

Tulchinsky, Gerald. 1992. Taking Root: the Origins of the Canadian Jewish Community. Toronto, Lester Publishing Limited.

 

*Images courtesy of the Congregation Shaar Hashomayim Museum and Archives.

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