Rokhl Korn - Résidence

1958 - 1982
21 Maplewood, Montréal

La poète de langue yiddish Rokhl Korn (née Rachel Herring) est née en 1898 dans une petite bourgade de la Galicie. Issue d’une famille nantie établie dans une vaste propriété, elle a grandi en compagnie des livres dans un environnement plurilingue. Après avoir publié quelques nouvelles et poèmes en polonais, elle décida, en 1919, d’écrire exclusivement en yiddish. Korn était alors consternée par la destruction de la vie juive durant la Première Guerre mondiale. Dotée d’un style à la fois passionné et unique, Korn se fit remarquer pour son aisance à transposer dans l’écriture des sujets juifs et non juifs, et pour sa poésie alternant entre la nature et l’amour. Ces qualités lui valurent une reconnaissance immédiate.

Pendant les années 1920, Korn manifesta un engagement indéfectible envers le mouvement visant la préservation la culture littéraire en langue yiddish, dans un contexte marqué par une forte élite intellectuelle de langue polonaise. Elle collabora à une revue dirigée par l’écrivain Melech Ravitch, qu’elle allait revoir plus tard à Montréal, et elle publia plusieurs ouvrages de poésie yiddish accueillis de manière positive par la critique, dont DorfVillage », 1928) et Royter monCoquelicots rouges », 1937).

En 1941, Korn fuit la Pologne ; elle se réfugia alors en Union soviétique, où elle demeura jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à un contact royal en Suède, elle réussit à obtenir des visas pour émigrer à Stockholm en compagnie de quelques écrivains yiddish. En 1948, elle s’installa de manière permanente à Montréal, alors l’un des centres culturels de langue yiddish les plus dynamiques au monde. Son voyage fut parrainé par la poète Ida Maze. Lors de son arrivée dans la ville, Korn était déjà une célébrité ; elle continua ensuite de publier des ouvrages pendant les trois décennies suivantes.

Si Korn a abordé certains thèmes canadiens, son écriture poétique des dernières décennies s’intéresse surtout à son passé en Europe et au monde qu’elle avait perdu. Le premier recueil de poèmes qu’elle a publié après la Seconde Guerre portait le titre révélateur Heym un heymlozikayt [Foyer et absence de foyer] (1948). Il débute par une dédicace troublante : « Ce livre est dédié à tous mes morts ». Ainsi que l’a écrit son amie, la poète Chava Rosenfarb, « Pour Korn, vivre au Canada signifiait se retrouver à la maison au sein de l’étendue infinie de sa solitude ». Pendant les années 1960, Korn commença à intégrer des thèmes canadiens et même des thèmes sionistes dans une poésie centrée sur le thème plus vaste de la solitude.

Du vivant de l’auteure, ses textes ont été traduits dans plusieurs langues et ils ont été diffusés à travers le monde. Korn est décédée à Montréal en 1982.

Par Richard Kreitner. Traduit par Chantal Ringuet.

Links

Liens

"Home and Homelessness in the Poetry of Rokhl Korn (1898-1982)" - Esther Frank
"The Correspondence Between Kadya Molodowsky and Rokkl Kohn" - Zelda Kahn Newman
Canadian Jewish Heritage Network - Rokhl Korn
Jewish Women's Archive - Rokhl Korn
Tansky's Phone Booth
The YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe - Rokhl Korn
Yiddish Book Center - Rokhl Korn

Sources

Anctil, Pierre, Norman Ravvin and Sherry Simon. New Readings of Yiddish Montreal. Ottawa: Ottawa University Press, 2007.

Frank, Esther. “Rokhl Korn.”YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe. 19 Aug. 2010.

Korn, Rachel H., et al. Generations: Selected Poems. Oakville: Mosaic/Valley Editions, 1982.

Levitan, Seymour. Paper Roses: Selected Poems of Rokhl Korn. Toronto: Aya Press, 1985.

Rosenfarb, Chava. Yiddish Poets in Canada. Toronto: Benben Publications, 1993.

*Les images sont une gracieuseté des Archives de la Bibliothèque publique juive de Montréal.

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