L’Association de droit Lord Reading - Montefiore Club

1948 - 2010
1195 Rue Guy, Montréal

L’Association de droit Lord Reading (Lord Reading Law Society), fondée en 1948, est le produit de l’engagement de longue date des Juifs dans la pratique et l’étude du droit au Québec. Elle a été créée afin de promouvoir les intérêts des juifs dans la profession juridique. Malgré de premiers succès du milieu du 19ème siècle jusqu’au début du 20ème siècle, la croissance de l’antisémitisme et la tradition d’équilibre des nominations au sein du Barreau et des tribunaux entre les Canadiens français et anglais a entrainé un ralentissement dans l’ascension sociale des avocats juifs entre les années 1920 et 1940.

En 1948, l’Association du Barreau du Québec a décidé d’organiser son congrès annuel à l’Hôtel Mont-Tremblant, établissement appartenant alors à Joseph Ryan. Commun à cette époque, l’hôtel avait une politique stricte « Interdit aux Juifs et aux chiens ». Outrés par ce règlement discriminatoire, plusieurs membres juifs du Barreau ont appelé au boycottage du congrès et ont fondé une association ayant pour mandat de faire du lobbying pour la juste représentation des Juifs au sein du Barreau et des tribunaux. Le groupe se nomma L’Association de droit Lord Reading, en l’honneur de Rufus Daniel Isaacs, le premier Marquis de Reading et le premier Lord Juge en Chef juif de la Cour d’Angleterre.

Les premières années de l’Association ont été marqué par une série d’accomplissements tel que l’amendement de la constitution du Barreau de Montréal, garantissant qu’un minimum de Juifs serait toujours présent sur le Conseil. Plusieurs nominations d’avocats juifs à haut niveau ont eu lieu. Harry Batshaw a été le premier Juif nommé à une cour supérieure au Canada lorsqu’il fût nommé à la Cour supérieure du Québec en 1950. Il y eu également l’élection de Louis Fitch et de J. Harry Blumenstein au Conseil du Barreau de Montréal, respectivement en 1950 et 1960.

Pendant les années 1960, l’Association a joué un rôle important dans la représentation juive au niveau local, le point culminant ayant été l’élection de Philip F. Vineberg comme premier bâtonnier juif du Barreau de Montréal en 1969. L’Association a pris différentes mesures pour encourager de façon continue une présence juive au sein de la profession juridique au Québec en mettant en place des bourses avec l’Université de Montréal et l’Université McGill en 1952 puis en 1960 avec l’Université hébraïque de Jérusalem. L’Association a également mis sur pied un prix à l’Université de Sherbrooke.

Avec le temps, l’antisémitisme et les restrictions auxquelles devaient se soumettre les Juifs étant devenus moins répandus, l’Association porta son attention sur les droits de la communauté juive et d’autres minorités. Une des campagnes majeures de l’Association a porté sur le projet de loi 101, adopté en 1977 par le Parti québécois récemment élu. L’Association de droit Lord Reading a invoqué le fait que le projet de loi 101 était inconstitutionnel. Afin d’éviter l’adoption du projet de loi, l’Association mobilisa un groupe de plus de 100 avocats juif, organisa plusieurs réunions d’urgence et encouragea la participation de la communauté au congrès annuel du Barreau du Québec et de l’Association du Barreau canadien.

Alors que l’Association de droit Lord Reading contribuait activement aux débats politiques au Québec, elle continuait également d’exercer une influence dans la communauté juridique. En 1989, Lynne Kassie devint la première présidente de l’Association. L’année suivante, Sylviane Borenstein, membre de l’Association, devint la première femme et la première juive élue Bâtonnière du Barreau du Québec.En 2008, pour son 60ème anniversaire, l’Association a été honorée et a reçu la médaille du Barreau de Montréal.

L’Association de droit Lord Reading continue de jouer un rôle actif dans les débats publics. En 2010, l’Association a pris publiquement position contre le projet de loi 94 (connu sous le nom de la Loi du niqab ou la Loi sur les accommodements raisonnables), et a comparu devant le Comité de la Constitution de l’Assemblée nationale du Québec en novembre 2010. En 2013-2014, l’Association s’est prononcée contre le projet de loi 60 (connu sous le nom de la Charte des valeurs québécoises) et a publié un mémoire influent. Après presque 70 ans, cette coalition d’avocats juifs, autrefois petite, continue de lutter non seulement pour les droits des membres juifs du Barreau et des tribunaux et ceux de la communauté juive toute entière, mais aussi au nom de plusieurs autres minorités.

Suite à la fermeture du Montefiore Club en 2010, l’Association a déménagé au Club Saint-James pour un certain temps et, depuis 2011, est située de façon permanente à la Shaar Hashomayim dans Westmount.

Par Pascale Greenfield

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Liens

L’Association de droit Lord Reading - Réseau canadien du patrimoine juif
L’Association de droit Lord Reading

Sources

50 Years, The Lord Reading Law Society. Montreal, 1998.

Arnold, Janice “Jewish law society recognized by Montreal Bar” The Canadian Jewish News. August 20, 2008. Web. 20 January 2015.

“History.” The Lord Reading Law Society. Web. 20 Jan 2015.

Nigro, Mario & Clare Mauro. “The Jewish Immigrants Experience and the Practice of Law in Montreal, 1830 to 1990.”McGill Law Journal. Vol. 44 (1999): 999-1046.

The Lord Reading Law Society. Box 1-7. The Lord Reading Law Society. Canadian Jewish Congress Charities Committee National Archives. Montreal, Quebec. 2014.

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