Ezekiel Hart - Résidence

1767 - 1843
374 Rue des Forges, Trois-Rivières

Le fils d’Aaron Hart (l’un des fondateurs de la communauté juive montréalaise), Ézékiel Hart est né en 1767 à Trois-Rivières et il appartient à la première génération de Juifs canadiens. Le jeune Hart a suivi les traces de son père en vivant et en travaillant à Trois-Rivières, mais son influence dans la vie juive politique s’est répandue à Montréal et dans l’ensemble du Canada.

À la fois un homme d’affaires, un commerçant de la fourrure et officier militaire, Ézékiel Hart décida, à la suite du décès de son père, de vendre ses parts de la brasserie familiale à son frère, Moses Hart. Peu de temps après, Ézékiel a mené une campagne pour un obtenir un siège à l’Assemblée législative du Bas Canada. En 1807, lors d’une élection partielle, il a été élu ; il était alors le premier Juif élu dans l’Empire britannique. Toutefois, lorsque Hart a dû jurer un serment d’investiture, en janvier 1808, il suivit la coutume des Juifs, qui consistait à jurer dans les cours de loi : au lieu de déclamer la ligne « sur la foi véritable d’un Chrétien », il remplaça le terme « Chrétien » par « Juif ». Le jour suivant, le ministre de la justice Jonathan Sewell et le second de Hart, Thomas Coffin, se sont opposés à sa candidature. En rappelant le serment transformé qu’il avait prononcé, tous deux affirmèrent que Hart n’était pas éligible, en tant que Juif, aux élections à la Chambre d’assemblée. Hart évita de peu de se voir expulsé du Parlement. Ce que l’on nomma « L’affaire Hart » ne fut pas résolue avant l’élection de 1808, au cours de laquelle Hart fut réélu. Cette fois, Hart prononça le serment chrétien et il fut officiellement expulsé. Bien que l’hostilité à l’endroit des Juifs ait joué dans « L’affaire Hart », la plupart des historiens d’aujourd’hui affirment que cette forme d’antisémitisme a été utilisée de manière instrumentale dans les luttes de pouvoir politique entre les canadiens-français et les canadiens-anglais.

Pour les Hart, la quête des droits politiques et civils était une affaire de famille : le fils d’Ézékiel, Samuel Becancour Hart, a joué un rôle décisif dans la transmission de l’héritage politique que son père lui avait légué, après s’être heurté à l’opposition dans une annonce/soumission pour devenir le juge de Trois-Rivières en 1830. Cet incident a propulsé Louis-Joseph Papineau, qui avait voté pour l’expulsion d’Ézékiel Hart en 1809, à promulguer l’Acte de Réforme accordant le droit de suffrage (mais non l'éligibilité) aux Juifs comme aux Catholiques, seulement un an après que des droits similaires aient été accordés en Jamaïque et un quart de siècle avant que des droits similaires ne soient promulgués ailleurs dans l’Empire britannique. Au final, Samuel est devenu juge en 1833, et le jeune frère d’Ézékiel, Benjamin Hart, a refusé d’être nommé en faveur de la justice et de la paix à Montréal jusqu’en 1837, date à laquelle l’obligation de prononcer un serment chrétien fut levée. Ézékiel Hart est décédé à Trois-Rivières en 1843. En 1909, ses restes ont été déménagés à Montréal, dans la section du cimetière du Mont Royal appartenant à la synagogue Shearith Israel, que sa famille appuyait.

Par Sarah Woolf, traduit par Chantal Ringuet.

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"Hart et Papineau" - Historica Dominion

Sources

Bélanger, Claude, « Documents in Quebec History: An Act to Grant Equal Rights and Privileges to Persons of the Jewish Religion (1832) » . Quebec History. Ed. Bélanger, Claude. August (2000): Marionopolis College.

Davies, Alan T. Antisemitism in Canada : History and Interpretation. Waterloo: Wilfrid Laurier University Press, 1992.

Guide to Archival Resources at McGill University, Private Papers at McGill University, McGill University Archives, 1985, Vol. 2, p.171.

Tulchinsky, Gerald J. J. Taking Root : the Origins of the Canadian Jewish Community. Toronto: Lester Pub., 1992.

Vaugeois, Denis, "Hart, Ezekiel (Ezechiel", Dictionary of Canadian Biography Online, University of Toronto/Université Laval, 2000. Vol. VII.

Vaugeois, Denis, Les premiers Juifs d’Amérique, 1760-1860. Sillery: Éditions Septentrion, 2011.

L'image provient des Archives nationales du Congrès juif canadien, Comité des charités.

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