Alexandre Bercovitch - Studio/Résidence

1936 - 1951
80 Prince Arthur E.

Alexandre Bercovitch, sans doute le père de la peinture juive moderne à Montréal, est né en 1891 dans une petite ville portuaire située près d’Odessa, aujourd’hui en Ukraine, dans une famille défavorisée vis-à-vis des normes du shtetl (petite bourgade juive). Il a reçu ses premiers tableaux d’une communauté de moines ukrainiens qu’il avait observée à travers des portes de métal durant des années. À l’âge de 15 ans, Bercovitch, qui avait déjà une réputation dans sa région, créait des décors et des costumes de théâtre. Par la suite, il a étudié à l’École d’art Bezalel de Jérusalem durant trois ans, avant de poursuivre ses études à Munich et à Saint-Pétersbourg. Peu de temps après avoir été appelé durant la Première Guerre mondiale, il a déserté l’armée tsariste et s’est caché jusqu’à la Révolution de 1917. Bercovitch a vécu pendant plusieurs années au Turmekistan, où il a n’a cessé de peindre, jusqu’à ce qu’il se retrouve aux prises avec les autorités communistes et qu’il déménage avec sa famille à Montréal, en 1926.

À Montréal, Alexandre et son épouse Bryna Avrutick, qui avait été une révolutionnaire en Russie, ont conservé leur vision politique radicale, au point de nommer leurs deux enfants Ninel (l’anagramme de « Lenin »), et Sacvan (en l’honneur des anarchistes italiens Sacco et Vanzetti, éxécutés par les autorités). Ceux-ci allaient devenir des critiques littéraires américains de renom. Leur premier enfant, Sylvia Ary, est elle-même devenue une artiste peintre reconnue. Au cours des années 1920 et 1930, la vie dans le quartier immigrant du Plateau était difficile pour la famille Bercovitch, alors sans le sou. Peu de temps après leur arrivée, Alexandre a quitté sa famille, qu’il allait retrouver six mois plus tard. Lorsqu’il l’a quittée pour de bon, en 1942, Sacvan a été placé dans une famille d’accueil.

Après son arrivée, Bercovitch a gagné sa vie en réalisant des œuvres dans les églises et les synagogues locales. À l’occasion, il a exposé ses propres œuvres réalisées au Turkmenistan et des toiles plus récentes aux thèmes montréalais. Il s’est joint à une bande d’artistes itinérants nommée le Eastern Group of Painters, qui répondait au nationalisme canadien incarné par le célèbre Groupe des Sept et son successeur, le Canadian Group of Painters. Bercovitch a été le professeur, le mentor et le critique sévère d’une génération plus jeune de peintres juifs de Montréal, dont faisaient partie Sam Borenstein, Moe Reinblatt et Rita Briansky. Il était célèbre pour ses œuvres canadiennes classiques, telles Laurentian Snow Scene (1938) et Gaspé : Cliff and Sea (1940), tout autant que pour ses tableaux centrés sur la vie juive et montréalaise, tels les classiques Laurier (1933), qu’il a peints de son propre balcon.

Le 7 janvier 1951, au moment où il attendait un tramway à l’angle de l’avenue Mont-Royal et du boulevard Saint-Laurent, Bercovitch s’est écroulé, atteint d’une crise cardiaque. Il allait célébrer sa première exposition depuis la dernière décennie.

Par Richard Kreitner, traduit par Chantal Ringuet

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Liens

"Alexandre Bercovitch" - Musée des beaux-arts du Canada
"Petrushka Falls in Love" - Tansky's Phone Booth

Sources

Adams, Robert. The Life and Works of Alexander Bercovitch: Artist. Montreal: Editions Marlowe, 1988.

Klingenstein, Susanne. « The Meaning of America: Sacvan Bercovitch ». dans Enlarging America: the Cultural Work of Jewish Literary Scholars, 1930-1990. Syracuse: Syracuse University Press, 1998. 347-408.

Le Guillou, Andrée. The Art of Sylvia Ary, éd. par Sacvan Bercovitch, traduit par Michell Paterson and Malka Peyman. Fredricton : Goose Lane Productions, 2008.

Trépanier, Esther. Jewish Painters and Modernity: Montreal 1930-1945. Montreal: Saidye Bronfman Centre, 1987.

Trépanier, Esther. Peintres juifs de Montréal. Témoins de leur époque, 1930-1948. Montréal : Éditions de l’Homme, 2008.

*Les images proviennent des Archives nationales du Congrès juif canadien,Comité des charités, de la Collection d’objets d’art de la Bibliothèque publique juive, du Musée des Beaux-Arts du Canada, du Musée d’art de Joliette, de la collection du Dr Benjamin B. Gordon, de la collection de Sacvan et Susan Bercovitch et de Joseph Rappaport.

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