Des années 1950 aux années 1980, le supermarché Steinberg fut la plus grande chaîne alimentaire au Québec. La première épicerie Steinberg fut créée à Montréal en 1917 par une immigrante de la Hongrie, Ida Roth Steinberg, qui ouvrit son commerce à l’adresse civique 4419b du boulevard Saint-Laurent. Samuel Steinberg (1905-1978), le fils d’Ida, prit ensuite la relève de l’entreprise familiale, qui devint l’une des plus connues au Québec. Sam Steinberg révolutionna le monde des magasins d’alimentation au Québec en fondant le premier supermarché à Montréal à la fin des années 1940.
Dans les années 1950, période où les supermarchés Steinberg étaient les plus répandus au Québec, des succursales de l’entreprise furent ouvertes en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Le succès commercial de Sam Steinberg lui ayant permis de se lancer dans l’investissement immobilier, il fonda ensuite la compagnie Ivanhoe Investments. À la mort de Sam, une querelle survint entre ses trois filles face à la gestion de l’entreprise familiale. À la suite de ce conflit, l’empire Steinberg fut démantelé en 1992 et ses principales composantes furent partagées entre ses compétiteurs, les supermarchés Métro et Provigo. Les biens immobiliers de la compagnie Steinberg, dont les centres d’achats, furent toutefois repris par la Caisse de dépôt et de placement du Québec.
À cette période, un important mouvement d’affirmation de la langue française se manifestait au Québec. Dans ce contexte, Sam Steinberg comprit que pour attirer les francophones, il était important de valoriser la question linguistique. L’entrepreneur fut le premier propriétaire d’une compagnie d’envergure à imposer une politique de bilinguisme obligatoire dans son entreprise. De plus, il décida d’en franciser le nom, remplaçant « Steinberg’s » par « Steinberg ». En somme, sa grande réussite est d’avoir implanté le commerce juif au sein des classes moyennes et ouvrières francophones du Québec. Il remporta un tel succès que l’expression « aller faire son Steinberg », qui signifiait « aller faire ses courses à l’épicerie », devint très populaire, même lorsque l’épicerie fréquentée ne portait pas le nom de Steinberg!
Sam Steinberg demeura fortement attaché à son identité juive et il s’impliqua dans la communauté à plusieurs reprises, entre autres en finançant le Pavillon du Judaïsme à l’Expo 67. Il joua un rôle important au sein des activités interreligieuses au pays, notamment à titre de Président du Conseil canadien des Chrétiens et des Juifs.
Par Valérie Beauchemin.
Gibbon, Ann et Peter Hadekel. Steinberg: The Breakup of a Family Empire. Toronto: MacMillan of Canada, 1990.
King, Joe. Fabled City, The Jews of Montreal. Montréal: Éditions Price-Patterson Ltd, 2009.
Niosi, Jorge. “Samuel Steinberg.” Canadian Encylclopedia. 2013. Online.
Weintraub, William. City Unique. Montreal Days and Nights in the 1940s and 1950s. Toronto: McClelland and Stewart, 1996.
*Les images proviennent des Archives de la Bibliothèque publique juive et de Jack Goldsmith et les Archives de l’Université McGill.
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