Ghitta Caiserman - Montreal Artists School

1946 - 1952
1421 Mackay, Montréal

Ghitta Caiserman (1923-2005) était une artiste canadienne juive reconnue durant la deuxième moitié du XXe siècle, période marquée par de nombreux changements dans le monde des arts visuels. Au Canada, la modernité se traduisait par les paysages, alors qu’au Québec, elle se traduisait majoritairement par l’abstraction. Caiserman, avec ses portraits et son approche personnelle de la figuration, sortait sans contredit du lot.

Ghitta Caiserman est née de parents juifs d’origine roumaine, Sarah (Wittal) Caiserman (1893-1967) et H.M. Caiserman (1881-1950). Sarah Caiserman était une femme remarquable pour sa qualité d’entrepreneure. Elle fut la fondatrice d’une compagnie de vêtements pour enfants nommée Goosey Gander en plus d’être impliquée dans la Farband [Union] des Travailleurs de Sion. Quant au père de Ghitta, il participa à la fondation de la Jewish Immigrant Aid Society (JIAS) et du Congrès juif canadien (CJC), deux organisations primordiales pour la communauté juive à Montréal. Comme plusieurs Juifs ayant vécu durant cette période, Hananiah Meir Caiserman avait un penchant socialiste. Il fut impliqué dans le parti des travailleurs de Sion (Poale Zion) et fut un des dirigeants de la United Garment Workers of America. Ghitta Caiserman hérita d’ailleurs des valeurs sociales de ses parents et s’impliqua dans plusieurs organisations de gauche. Ce côté social s’insinuait définitivement dans ses œuvres, bien qu’elle approchait ses thèmes sociaux de façon très personnelle. Cependant, Hananiah Meir Caiserman avait aussi un intérêt pour le culturel qui se traduisit par la publication d’un livre sur les poètes Yiddish et de nombreux commentaires sur des expositions d’art visuel dans le journal Yiddish nommé Keneder Adler. Il permit d’ailleurs à sa fille de gagner de la visibilité en commentant sur ses œuvres sous un nom d’emprunt.

Ghitta Caiserman commença très jeune sa carrière artistique sous la tutelle d’ Alexandre Bercovitch. Dès 13 ans, elle fut honorée lors d’une exposition regroupant de jeunes artistes organisée par l’Association artistique de Montréal (aujourd’hui le Musée des beaux-arts de Montréal). Après avoir étudié à la Parsons School of Design de New York de 1939 à 1943, elle étudia à la Art Students’ League de New York et à l’École des beaux-arts de Montréal. Durant son parcours scolaire, elle fut en contact avec plusieurs artistes connus tels que Harry Sternberg, un artiste réaliste dénonçant les injustices sociales, et Albert Dumouchel, une figure importante du mouvement moderniste québécois. Elle maria Alfred Pinsky en 1945, avec qui elle fonda la Montreal Artist School. En 1954, elle mit au monde une fille nommée Kathe, qui se révéla être une source d’inspiration importante pour plusieurs œuvres telles que Beach Still Life (1955) et First Steps (1956). Quelques temps après son divorce en 1959, elle débuta un deuxième mariage en 1962 avec l’architecte montréalais Max Roth. En plus de sa carrière d’artiste, Ghitta Caiserman enseigna au Collège Sir George Williams (Université Concordia) ainsi qu’au Centre Saidye Bronfman. Elle donna aussi des cours d’été dans plusieurs universités non montréalaises, notamment Queen’s University, Mount Allison Universtity et Mount St. Vincent University.

Au niveau artistique, Ghitta Caiserman est connue principalement pour ses peintures, bien que le dessin et la lithographie étaient primordiaux dans son processus d’expérimentation. Comme Donald F. P. Andrus l’a mentionné dans le catalogue de l’exposition rétrospective sur Ghitta Caiserman de 1981, le fil conducteur qui relie ses nombreux thèmes se trouve dans sa façon de représenter des objets selon sa propre perception et sa propre expérience. « Une thématique sociale et une rhétorique formelle de la peinture devraient toujours, dans le cas de Caiserman, être vues comme secondaires à son attrait fondamental pour une perception ouverte de sa place dans l’ensemble de l’univers. » De l’expressionnisme au surréalisme ou des sujets sociaux aux portraits et natures mortes, c’est sa capacité de personnaliser la réalité, d’interpréter ses sujets au lieu de simplement les représenter qui rend l’œuvre de Ghitta Caiserman si particulière.

Par Valérie Hénault

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Sources

Andrus, Donald F. P. Ghitta Caiserman-Roth: A Retrospective View, 1947-1980. Montreal: Sir Georges Williams Art Galleries, 1981.

Andrus, Don F. Ghitta Caiserman-Roth.” The Canadian Encyclopedia. 2013.

Brown, Michel. Ghitta Caiserman-Roth, 1923-2005. Jewish Women’s Archive. 2009.

Caiserman-Roth, Ghitta.Interview by Leah Sherman.Montreal: Sir Georges William Art Galleries, Concordia University, November 1981.

Gagnon, François-Marc.“Peintres juifs et modernité. Montréal 1930-1945. Exposition présentée au Centre Saidye-Bronfman, Montréal, du 6 octobre au 5 novembre 1987.” Review of Peintres juifs et modernité. Montréal 1930-1945. By Esther Trépanier. Canadian Art Review 15, No. 2 (1988): 150-152.

Ghitta Caiserman-Roth. Canadian Women Artists History Initiative. 2013.

Ghitta Caiserman-Roth. Women Artists in Canada. 2000.

Lerner, Loren “Canadian Artists of Eastern European Origin: Ghitta Caiserman-Roth. Art History, Concordia, 1998.

Trépanier, Esther. Ghitta Caiserman-Roth.” Jewish Virtual Library. 2008.

*Les images proviennent de la galerie Leonard & Bina Ellen.

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