Adrien Arcand - Résidence

1930 - 1933
5317 St-Denis

Adrien Arcand (1899-1967), un antisémite, était le dirigeant incontesté du mouvement politique fasciste du Québec. S’attribuant à lui-même le surnom de « führer canadien », Arcand s’est servi de son emploi de journaliste à Montréal pour fonder, en collaboration avec Joseph Ménard, une série de journaux hebdomadaires tels Le Miroir et Le Goglu, dont les premiers numéros ont été lancés en 1929. Si des recherches récentes ont démontré que ces journaux avaient un lectorat restreint, les positions qu’ils soutenaient ont cependant favorisé la propagation d’une atmosphère d’hostilité à l’endroit des Juifs dans le Québec des années 1930. Entre autres idées, ces journaux proposaient que les Juifs soient déménagés à la Baie d’Hudson. À la suite de la promulgation de la Loi David en 1930, qui autorisait le développement d’un système d’écoles juives au Québec, les journaux conservateurs d’Arcand ont entrepris un virage: ils ont alors valorisé le fascisme, mouvement politique auquel Arcand lui-même adhérait. En 1934, Arcand créa un parti politique, nommé le Parti national social-chrétien. Il collabora également à la campagne du mouvement « Achat chez nous », qui profita des frustrations économiques et nationalistes des Canadiens Français pour les transformer en un boycott ayant pour cible les magasins juifs.

Si, de manière générale, la majorité des Canadiens ignora Arcard et ses partisans, ceux-ci retinrent l’attention des Juifs au pays. C’est ainsi qu’un marchand de Lachine, A. Abugov, tenta, au nom de la communauté juive, d’intenter un procès pour diffamation à l’endroit des journaux d’Arcand. L’influence d’Arcand fut également remarquée à l’extérieur du Canada: en juillet 1938, le magazine Américain Life signala le problème « menaçant» du « facisme militant » au Canada dans le cadre de la première assemblée publique du Parti de l’Unité Nationale du Canada (une coalition de partis incluant le Parti National-Social Chrétien). À cette occasion, le magazine Life souligna que 1,500 participants de l’ensemble du pays avaient élu en tant que dirigeant Arcand, un homme qui contrôlait des « bataillons militaires de 3,600 hommes.»

En mai 1940, Arcand fut arrêté sous la Loi des mesures de guerre, puis interné; le Parti de l’Unité Nationale du Canada fut banni. Lors de sa libération, en 1945, Arcard tenta de redonner vie au parti, mais les conséquences de la Seconde Guerre mondiale le laissa pratiquement sans alliés fascistes. Mais Arcand tenta d’introduire son parti sur la scène politique fédérale. En 1949, il se présenta dans la circonscription électorale de Richelieu-Verchères en tant que candidat du Parti de l’Unité nationale du Canada, puis en 1953, il fit campagne dans la circonscription électorale de Berthier-Maskinongé-de Lanaudière. Dans ces deux campagnes, il se classa deuxième.

En 1965, deux années avant la mort d’Arcand, le Parti de l’Unité nationale du Canada organisa un banquet afin de célébrer le 20e anniversaire de la libération de l’internement d’Arcand. À titre d’invité d’honneur, Arcand fit une présentation de 80 minutes devant 650 personnes, dans laquelle il décria le biculturalisme et les «intérêts mondiaux des Rothschild.» Arcand vécut la dernière partie de sa vie dans dans le village de Lanoraie, dans un anonymat relatif, mais sans renoncer à sa vision antisémite.

Par Sarah Woolf, traduit par Chantal Ringuet

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Adrien Arcand - Réseau canadien du patrimoine juif

Sources

Betcherman, Lita-Rose. The Swastika and the Maple Leaf: Fascist Movements in Canada in the Thirties. Toronto: Fitzhenry & Whiteside, 1975.

Boyko, John. Last Steps to Freedom: The Evolution of Canadian Racism. Winnipeg: Watson & Dwyer Pub., 1995.

Cote, Langevin. "Fascist Steps Out of Past for Banquet." The Globe and Mail 1965, sec. News: 16.

Davies, Alan T. Antisemitism in Canada: History and Interpretation. Waterloo, Ontario: Wilfrid Laurier University Press, 1992.

Langlais, Jacques, and David Rome. Jews & French Quebecers: Two Hundred Years of Shared History. Waterloo, Ontario: Wilfrid Laurier University Press, 1991.

Luce, Henry R. "Fascism Holds its First Open Meeting in Canada." Life Magazine July 18 (1938): 9-11.

Nadeau, Jean-François. Adrien Arcand, fürher canadien. Montreal: Lux, 2010.

Robin, Martin. Shades of Right: Nativist and Fascist Politics in Canada, 1920-1940. Toronto: University of Toronto Press, 1992.

Stingel, Janine. Social Discredit: Anti-Semitism, Social Credit, and the Jewish Response. Montreal: McGill-Queen's University Press, 2000.

*Les images proviennent des Archives nationales du Congrès juif canadien, Comité des charités.

*Les vidéos proviennent de TV5Monde et de Lux Éditeur.

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