Lyon Cohen - Résidence

1891 - 1895
1378 Argyle, Montréal

Lyon Cohen (1868-1937), un magnat des affaires et un activiste communautaire, est né en Pologne en 1868. Lorsqu’il était enfant, il a immigré avec sa famille au Canada, d’abord en Ontario puis à Montréal. C’est dans cette ville qu’il s’est lancé, avec son père Lazarus, dans le commerce du charbon. Cohen est ensuite devenu le propriétaire de l’une des plus grandes entreprises de confection de vêtement à Montréal, la Freedman Corporation (où le petit-fils de Lyon, Leonard Cohen, a travaillé brièvement durant les années 1950). Il est aussi devenu une figure d’autorité dans la communauté juive la plus nantie de la ville, celle des uptowners, établie dans l’ouest de la ville. Durant certaines périodes, Lyon Cohen a été le président de l’Institut Baron de Hirsch, de la Montreal Clothing Manufacturers Association, du Montefiore Club, du Congrès juif canadien en 1919, et de la congrégation Shaar Hashomayim. Sa résidence de Westmount a accueilli des personnalités éminentes, dont Chaim Weizmann, le rabbin Stephen S. Wise et Sholomon Schechter. En dépit des positions élevées qu’il a occupées, de ses nombreux contacts et de son antipathie bien connue envers les syndicats de travailleurs et de militants juifs, Cohen s’est fait connaître comme un homme en contact avec les gens simples. Lorsque les nouveaux immigrants descendaient des quais, il était present pour leur souhaiter la bienvenue dans la communauté juive et à Montréal.

En 1897, Cohen et Samuel W. Jacobs ont fondé le Jewish Times, le premier journal de langue anglaise destiné aux Juifs du Canada. Destiné à l’establishment, ce journal faisait la promotion de l’assimilation rapide des immigrants d’Europe de l’Est au Canada et de l’adoption des traditions britanniques. Fondé pour enrayer l’antisémitisme, alors répandu à travers le monde, comme le montraient l’affaire Dreyfus en France et le faux document intitulé Les protocoles des sages de Sion, le journal avait aussi été créé dans le but de faire contrepoids aux traditions des nouveaux immigrants juifs d’Europe de l’Est. Cohen et ses associés uptowners les plus assimilés identifiaient ces individus comme l’une des causes de l’antisémitisme. Ce type de mentalité et le désir d’intégrer l’élite anglo-protestante a produit un journal conservateur, souvent terne, qui tenait à distance le nationalisme juif. Le Jewish Times ne visait pas seulement à informer la communauté juive de Montréal, alors en pleine croissance, à propos des divers évènements de l’actualité. Il visait également à guider les lecteurs vers ce que ses fondateurs considéraient comme la façon appropriée de vivre et d’atteindre la prospérité dans le Nouveau Monde.

Faisant face à des vagues d’immigrants juifs dont la plupart parlaient seulement le yiddish, langue que le Jewish Times qualifiait de « jargon d’une vulgarité brutale », le Jewish Times a peu à peu décliné en popularité. En 1914, le journal a été racheté par Hirsch Wolofsky, le propriétaire du journal yiddish Der Keneder Adler, qui l’a transformé en un nouveau journal, le Canadian Jewish Chronicle. Entretemps, Cohen et Jacobs avaient tiré profit de la publicité qu’ils recevaient du Jewish Times afin d’accroître leur influence dans la communauté. En 1917, Jacobs a été élu au Parlement et en 1919, Cohen est devenu le président du Congrès juif canadien. À la mort de Cohen en 1937, Samuel Bronfman, à certains égards son successeur, a été l’un des porteurs de son cercueil lors de ses funérailles.

Par Richard Kreitner, traduit par Chantal Ringuet.

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Réseau canadien du patrimoine juif - Lyon Cohen

Sources

Levendel, Lewis. A Century of the Canadian Jewish Press. Ottawa: Borealis Press, 1989.

Nadel, Ira B. Various Positions: A Life of Leonard Cohen. Austin: University of Texas Press, 1996.

Schuchat, Wilfred. The Gate of Heaven: The Story of the Congregation Shaar Hashomayim of Montreal. Montréal: McGill-Queen’s University Press, 2000.

Tulchinsky, Gerald J. J. Taking Root: The Origins of the Canadian Jewish Community. Toronto: Lester Pub, 1992.

*Les images proviennent des Archives et du Musée de la Congrégation Shaar Hashomayim, des Archives de la Bibliothèque publique juive et des Archives nationales du Congrès juif canadien, Comité des charités.

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